Damien Cotonéa, créateur de la marque Aodren, pouvez vous nous raconter la genèse de votre marque ?

J’ai toujours aimé m’apprêter, « m’endimancher ». En grandissant, je trouvais que le costume et en particulier le nœud papillon, ne sortaient qu’aux grandes occasions ou pour le travail. Il devient plus facile aujourd’hui de s’habiller avec goût, on s’achète un style, mais on perd parfois en élégance.

En recherchant un nœud papillon en magasin, je trouvais qu’ils manquaient d’originalité, et qu’ils avaient une allure trop impersonnelle, voire industrielle. Alors, un jour avec l’ancienne machine à coudre de ma grand-mère, j’ai cousu mon premier nœud papillon, unique, fait main et qui me correspondait parfaitement.

Ma réflexion sur le port de cet accessoire s’est développée au fil des ans, en questionnant notre rapport à la mode et j’en ai finalement fait une marque.

Aodren porte ainsi un regard soucieux sur l’impact de la mode sur l’environnement et dans notre mode de consommation. Elle propose des produits conçus à la main, à partir de matières revalorisées, ainsi que des pièces uniques et sur mesure.

Aodren est un prénom breton qui fait écho à mes origines.

Selon vous, quels sont acteurs de la mode de demain ?

Ce sont les acteurs qui ont compris qu’il n’est pas bon de produire des tendances et des collections trop inscrites dans le temps, et qui, à la place, vont plutôt chercher à rendre la mode intemporelle. Selon moi, ce sont également des acteurs qui portent un regard sur la production des produits et vont tenter de minimiser leur impact sur la planète.

Je ne crois pas qu’il s’agisse d’être ultra original en termes de coupes, de formes, de couleurs ou de motifs, puisque c’est ce qui crée des tendances. Il me semble qu’il est préférable de penser de manière durable, tant en matière de production que de création.

Quelles marques vous semblent agir pour une mode plus durable ?

Aujourd’hui, je pense à :

  • Asphalte et Octobre Éditions pour leurs collections basiques, sobres, élégantes et durables esthétiquement parlant ;
  • Kamad, parce que la marque met au goût du jour des pièces délaissées et nous inspire à up-cycler nos propres vêtements ;
  • Basus, pour son système de production à la demande, dans une logique de zéro déchet et en semi sur mesure, pour garantir un produit qui nous ira longtemps ;
  • Upé Family, pour leurs lignes unisexes qui permettent de réduire la quantité de modèles de vêtements ;
  • Ankore, pour la matière recyclée que la marque produit à partir de déchets de la mer ;
  • WYT°, pour leur production de produits basiques que tout le monde recherche et ne se lasse jamais, et c’est du recyclé ;
  • Balt, parce que l’on n’y pense pas, mais les chaussures aussi sont source de surconsommation ;
  • Et bien d’autres encore.

Ces sont des marques qui sont moins connues du grand public que les marques de fast fashion, et qui, de fait, vont pouvoir tenir leurs engagements et ne pas tomber dans un renouvellement incessant de leurs collections.

Quels conseils pourriez-vous donner aux consommateurs concernant leurs achats de vêtements ?

Je dirais qu’il devient important de privilégier la seconde main, pour faire durer le vêtement et ou pour les petits budgets. Les friperies (free’p’star, Emmaüs) sont idéales lorsque l’on cherche une pièce unique et on peut également se permettre d’acheter en quantité. En quantité, parce que le shopping est un plaisir et l’achat ne répond pas toujours à un besoin.

Il peut être difficile de passer le pas et d’investir dans des marques durables et éthiques dont les prix se démarquent nettement de ceux de la fast fashion, mais on peut être assuré de la qualité du produit, et généralement, ce sont aussi des pièces intemporelle et faciles à porter.

J’ai également pour habitude de réparer mes vêtements avant d’envisager de les jeter, d’ajuster leur coupe, ou de remplacer un imprimé par un bout de tissus pour leur donner une seconde vie. En faisant cela, je m’approprie pleinement mon vêtement, j’aime à nous le porter et je sais que je vais le garder plus longtemps.

Sinon, vous pouvez penser à offrir les pièces que vous ne portez plus ! Pendant longtemps, je donnais les miennes à mon petit cousin.

Plus d’informations sur www.lenoeudaodren.fr

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