Ariane Cessenat, fondatrice et directrice artistique Le fil d’Ariane, pouvez vous nous raconter la genèse de votre marque ?

La marque le fil d’ariane est partie de plusieurs envies. L’envie de simplifier le vestiaire des femmes, d’aller vers plus de simplicité et d’élégance. L’envie de revoir les codes de la mode féminine avec mon expérience de femme dirigeante confrontée à savoir quoi porter.

L’envie de proposer aux femmes une autre vision de la mode et d’elles-mêmes.

Selon vous, quels sont acteurs de la mode de demain ?

Les nouveaux acteurs de la mode de demain seront des marques émergentes, durables, indépendantes, produisant des petites séries, innovantes et transparentes sur leur mode de production. Ces nouveaux acteurs sont une alternative aux acteurs traditionnels.

En France, l’industrie textile n’existe presque plus. A Paris, presque tous les ateliers ont fermé. Bref, on part de très loin, mais la mode de demain doit contribuer à recréer cette industrie française et à relocaliser. Ce nouveau modèle sera, je l’espère, plébiscité par les consommateurs qui retrouveront du sens et du plaisir dans leurs achats.

La seconde main sera incontournable dans la mode de demain. On y trouve des pièces fabriquées à la main, sans marque, avec un savoir-faire qui couterait trop cher aujourd’hui. L’économie circulaire repose également sur la seconde main qui permet de prolonger la durée de vie des produits et réduire les déchets.

L’upcycling est également un enjeu de taille et de nouveaux acteurs doivent émerger. Citons la marketplace d’upcycling Reiner qui fédère différentes marques.

Quelles marques vous semblent agir pour une mode plus durable ?

Les nombreuses marques crées par des entrepreneurs que l’on trouvent sur les réseaux sociaux et qui s’inscrivent nativement dans une mode durable.

Ces marques sont souvent spécialisées sur des produits de niche, avec une gamme restreinte mais très pointue. Les articles sont produits en pré-commande, ou à la commande pour éviter le stock, les invendus, et le financement du besoin en fonds de roulement. Cela prend forcément plus de temps et le prix de revient est forcément plus cher que dans la fast fashion.

Sur le jean, la marque 1083 a fait un travail remarquable pour relancer la production de jean française à un prix abordable. Il faut s’en inspirer. Il y a tout un éco-système et une industrie française à recréer. Une mutualisation entre marques est intéressante pour réaliser des économies d’échelle et mettre en commun des moyens de production.

La marque Le Slip Français a engagé un plan de relocalisation en France de l’industrie de la mode et a lancé un financement participatif sur Lita.co. La plateforme française Façon de faire est mise au service des marques pour une mode Made in France.

La marque Micky a développé la chemise parfaite sur-mesure inspirée par l’homme.

La marque Monsieur L. propose aux hommes et aux femmes une vision unisexe des classiques de la chaussure masculine.

Kiplay, spécialisée les vêtements de travail s’est diversifié sur une production de jean fabriqués en France.

Quels conseils pourriez-vous donner aux consommateurs concernant leurs achats de vêtements ?

Je leur conseillerais d’acheter moins mais mieux. A travers leurs achats, les consommateurs ont la capacité à participer à la construction d’une mode plus éthique et durable et à faire évoluer ce secteur.

Dans un monde où nous retrouvons les mêmes boutiques dans le monde entier, et où la mode s’est uniformisée, le consommateur doit aller vers des marques plus inclusives, avec une diversité d’expression, et des valeurs et partis pris forts.

Les consommateurs doivent changer leur manière d’acheter et découvrir ces nouvelles marques émergentes que ce soit sur les réseaux sociaux, sur les sites e-commerce ou dans les pop-up stores qui doivent se développer plus largement. Il me parait important également que des médias comme « la mode de demain » permettent à ces marques d’être connues des consommateurs. Cela reste un enjeu important pour ses marques qui n’ont souvent pas les moyens financiers d’avoir des boutiques.

Privilégions dans nos achats les nouveaux entrepreneurs qui sortent des sentiers battus, innovent, et contribuent à rendre la mode plus respectueuse de l’environnement et des hommes. Intégrons également que la mode durable a une valeur, et donc un prix.

Plus d’informations sur www.lefildariane-atelier.com

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